Consultation

XVIII, folios:80 81
Des Aymards, Jean
M. de Gordes
Lettre non liée
26/07/1572
Laval
Paris

Transcription

Les mots surlignés font l'objet d'une note

1

Monseigneur, puys que jay eu ce bien que d’avouer esté

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licentyé de vostre seigneurie par celle qui vous a pleu

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du Xe du present m’anvoier dèshormais, je prandrey

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plus de ardiese que pour faict à vous fère part des

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novelles que se presenteront puysqu’il vous plaict

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me conjedier et inciter par les vostres de soliciter

7

monsieur de Bressieu comme je ferey affin que

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vostre seigneurie sache par eulx le proffit qu’ilz ont

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eu en leurdict du voaige de Angleterre, duquel

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je me taix car leurs responces ne sont

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guyeres perhentoyres mais le succès quil en

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adviendra sera pour tesmoinsgniage. Au demeurant,

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je advertirey vostre seigneurie comment le roy au despart

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de ceste ville pour neuf ou dix jours s’en alla à

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Lisigny près de Meaulx où l’on a faict les nopces

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du prince de Condé avec la marquise d’Isle, où

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ne acistèrent guyères des prinses du sang

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pour cause des cerymonyes non acoustumées.

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Les preparatives se font grandes pour le mariage

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du roy de Navarre. Lon est en dobte s’ilz esposeront

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comme ledit seigneur de Condé. Après le succès, vostre

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seigneurie en sera advertye. L’ambassadeur d’Espaigne

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est encores en ceste ville, car après sa legation

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faicte au roy, le conseil la trouvast adventageuse

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qu’on luy dict qu’il falloyt qu’on eust declaration

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de son maistre avant qu’il partist. Quant à

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la deffecte de ceulx qui sont allés en Flandres,

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elle [est] si grande que peu de gens y ont plaisir

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exceté le duc d’Albe ; car cest autant a

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febly le roy de plus et subjectz. Les seigneurs de

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Ranty et de Janllys sont prisoniers. On faict

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bruyct quilz eusent esté justiciers, n’ust esté qu’ilz

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ont declairés avouer quelques mandement de Sa

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Majesté. L’on ne peult scavouer car pour

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salver sa vye, on advance beaucop de choses

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[v°] comment qu’il soyt, il sont en grand dangier ainsi

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qu’on dict. L’on a faict bruyct que monsieur de

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La Garde estoy mort et ces estatz donnés à monseigneur

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le chevallier d’Angolesme. Il y a bien des meslées

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grandes, mais cella se dresse fort rombdement.

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Encores à ce matin, ung marchant de ceste ville

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m’a dict que troys batheaux chargés de mognitions

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sont partis à la mynuyct et s’en vont randre à

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Calaix tout mognition de guerre et le tout

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couvert de boys qu’on n’am peult aultre chose

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descouvrir. Monseigneur pour excuse, je alleguerey

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ung proverble des bonnes gens, c’est qu’il

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faict malvays donner liberté à foulz et enfens

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car il en abusent comme je faictz d’antretenir

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votre seigneurie de si peu d’ocation, mais je

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prierey Dieu qu’il me doinct quelque moyen que je

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me puyse employer pour votre seigneurie, ainsi

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que je le desire. En actandant cest heur, je

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luy prie de bon cueur,

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Monseigneur, qui vous doint en très bonne sancté

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longue et heureuse vye, avec tout contantement.

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A Paris, ce 26 julhet 1572.

58

Vostre très humble et obeyssant

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serviteur

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des Eymars

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Monseigneur, je ne vous commande poinct les forces

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que le prinse d’Orange conduyct, qui sont de 25 mille

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hommes, sept mil chevaulx, avec aultres forces

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que deux prinses allemans luy amènent, et jà

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se sont saycys de dix ou douze villes. Ilz

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prestendent donner unne batailhe audit duc

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d’Albe. Cella faict, en advertirey votre seigneurie,

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ainsi que je ferey des estatz qui ont vacqué en vostre pays,

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combien que si cella a lieu, votre seigneurie en ara sertitude comme celluy qui y est participent dont je me taix.

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[fol.81] S’il plaict au second liseur randre la presente

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ez mains de madame, elle trouvera que

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monsieur de Galgas son filz se porte fort bien,

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Dieu graces. Encores dès yer, je le fus vouer

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avec mon nepveu La Pimpie. Il m’a promis que

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à mon despart, il escripra de ces novelles

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à ma dicte dame, comme feront toutz les aultres

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ces compaignons. A nuyct, au cocher de Monseigneur

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le vicomte de Cadenet, je luy dis y avouer

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esté pour vouer comment il se portoyt, il en fust

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le plus aise du monde, car il ne scavoyct

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poinct qu’il fust de par-descà, et me commanda

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de regarder ung jour avant son despart pour

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leur donner à disner à toutz. Je pence estre

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l’ambassadeur et conducteur, que me sera moyen

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descripre à madicte dame et sependant, je

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luy baise les mains.

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