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1Monseigneur, puys que jay eu ce bien que d’avouer esté
2licentyé de vostre seigneurie par celle qui vous a pleu
3du Xe du present m’anvoier dèshormais, je prandrey
4plus de ardiese que pour faict à vous fère part des
5novelles que se presenteront puysqu’il vous plaict
6me conjedier et inciter par les vostres de soliciter
7monsieur de Bressieu comme je ferey affin que
8vostre seigneurie sache par eulx le proffit qu’ilz ont
9eu en leurdict du voaige de Angleterre, duquel
10je me taix car leurs responces ne sont
11guyeres perhentoyres mais le succès quil en
12adviendra sera pour tesmoinsgniage. Au demeurant,
13je advertirey vostre seigneurie comment le roy au despart
14de ceste ville pour neuf ou dix jours s’en alla à
15Lisigny près de Meaulx où l’on a faict les nopces
16du prince de Condé avec la marquise d’Isle, où
17ne acistèrent guyères des prinses du sang
18pour cause des cerymonyes non acoustumées.
19Les preparatives se font grandes pour le mariage
20du roy de Navarre. Lon est en dobte s’ilz esposeront
21comme ledit seigneur de Condé. Après le succès, vostre
22seigneurie en sera advertye. L’ambassadeur d’Espaigne
23est encores en ceste ville, car après sa legation
24faicte au roy, le conseil la trouvast adventageuse
25qu’on luy dict qu’il falloyt qu’on eust declaration
26de son maistre avant qu’il partist. Quant à
27la deffecte de ceulx qui sont allés en Flandres,
28elle [est] si grande que peu de gens y ont plaisir
29exceté le duc d’Albe ; car cest autant a
30febly le roy de plus et subjectz. Les seigneurs de
31Ranty et de Janllys sont prisoniers. On faict
32bruyct quilz eusent esté justiciers, n’ust esté qu’ilz
33ont declairés avouer quelques mandement de Sa
34Majesté. L’on ne peult scavouer car pour
35salver sa vye, on advance beaucop de choses
36[v°] comment qu’il soyt, il sont en grand dangier ainsi
37qu’on dict. L’on a faict bruyct que monsieur de
38La Garde estoy mort et ces estatz donnés à monseigneur
39le chevallier d’Angolesme. Il y a bien des meslées
40grandes, mais cella se dresse fort rombdement.
41Encores à ce matin, ung marchant de ceste ville
42m’a dict que troys batheaux chargés de mognitions
43sont partis à la mynuyct et s’en vont randre à
44Calaix tout mognition de guerre et le tout
45couvert de boys qu’on n’am peult aultre chose
46descouvrir. Monseigneur pour excuse, je alleguerey
47ung proverble des bonnes gens, c’est qu’il
48faict malvays donner liberté à foulz et enfens
49car il en abusent comme je faictz d’antretenir
50votre seigneurie de si peu d’ocation, mais je
51prierey Dieu qu’il me doinct quelque moyen que je
52me puyse employer pour votre seigneurie, ainsi
53que je le desire. En actandant cest heur, je
54luy prie de bon cueur,
55Monseigneur, qui vous doint en très bonne sancté
56longue et heureuse vye, avec tout contantement.
57A Paris, ce 26 julhet 1572.
58Vostre très humble et obeyssant
59serviteur
60des Eymars
61Monseigneur, je ne vous commande poinct les forces
62que le prinse d’Orange conduyct, qui sont de 25 mille
63hommes, sept mil chevaulx, avec aultres forces
64que deux prinses allemans luy amènent, et jà
65se sont saycys de dix ou douze villes. Ilz
66prestendent donner unne batailhe audit duc
67d’Albe. Cella faict, en advertirey votre seigneurie,
68ainsi que je ferey des estatz qui ont vacqué en vostre pays,
69combien que si cella a lieu, votre seigneurie en ara sertitude comme celluy qui y est participent dont je me taix.
70[fol.81] S’il plaict au second liseur randre la presente
71ez mains de madame, elle trouvera que
72monsieur de Galgas son filz se porte fort bien,
73Dieu graces. Encores dès yer, je le fus vouer
74avec mon nepveu La Pimpie. Il m’a promis que
75à mon despart, il escripra de ces novelles
76à ma dicte dame, comme feront toutz les aultres
77ces compaignons. A nuyct, au cocher de Monseigneur
78le vicomte de Cadenet, je luy dis y avouer
79esté pour vouer comment il se portoyt, il en fust
80le plus aise du monde, car il ne scavoyct
81poinct qu’il fust de par-descà, et me commanda
82de regarder ung jour avant son despart pour
83leur donner à disner à toutz. Je pence estre
84l’ambassadeur et conducteur, que me sera moyen
85descripre à madicte dame et sependant, je
86luy baise les mains.
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